jeudi 26 décembre 2013

Uncreative painting # 4 #5, "Poissons d'aquarium et d'ornement", pour mettre au-dessus du lit conjugal

       


          Sur ce que j'appelle le "uncreative painting", il faut que je m'explique. je ne veux pas passer pour un duchampiste ou un Champollion, mais les signes peuvent être trompeurs. Alors parlons de moi. L'uncreative painting, ce n'est ni du pop-art ni du "ready painted". C'est un terme qui me sert juste à paraphraser le titre du livre de Kenneth Goldsmith, Uncreative writing. J'essaie d'appliquer à la peinture ce que Kenny Goldsmith dit de la poésie/écriture. Tracks, dans une belle émission consacrée à la paresse et à la procrastination, a fait un petit reportage bien chouette sur Kenny (lien): selon ce poète de la paresse, à une époque où l'artistique est partout, la créativité dynamique est stérile; en conséquence ne rien faire devient un geste (un non-geste) franchement plus "artistique". A partir de là, on affirme qu'il n'est plus besoin d'une création burnée, plus besoin de savoir-faire, plus besoin de "poèèètes", plus besoin de peintres: le poète, par exemple, n'est plus qu'un word processor, un logiciel de traitement de texte, qui écrit, qui fait des textes, qui fabrique la poésie de matière industrielle, pur produit à peine consommé-déjà consumé de notre ère. L'uncreative Xing, c'est donc un geste propre à notre époque de surproduction (qu'elle soit industrielle, alimentaire, artistique (c'est tout pareil)...).
          Mais je m'égare. Sur l'uncreative painting, je dirai juste que pour un temps, je ne serai plus peintre, je ne serai plus qu'une imprimante, une machine à produire de la matière picturale (avec écrit "Art" sur l'étiquette, comme il est écrit "Bière" sur les mauvaises bières, à la place de la marque qui serait un gage de qualité (et puis tiens, j'arrête de signer mes peintoches moi aussi). Photocopieuse. Les deux images que vous avez là sont des reproductions de poissons trouvés dans le dictionnaire Larousse 2005, à la page des "poissons d'aquariums et d'ornements". (le plus grand dessinateur qui ait jamais existé, c'est le robot dans I, Robot, quand il dessine toute une scène vachement bien pour faire avancer l'enquête de Will Smith. mais je m'égare encore)
          Que penser de tout ça? Peut-être que ce que je nomme prétentieusement uncreative painting (en anglais et tout t'as vu), c'est juste du jus de couille. D'ailleurs je pense que j'aurais été le premier à dire que "c'est de la merde" si ce n'était pas moi qui le faisait. La peinture qui a besoin de parler (comme je le fais right now) pour se faire comprendre, ça me casse souvent les couilles (trop aseptisée, la peinture intello. J'ai besoin d'odeurs et de musique moi monsieur). Mais enfin, je fais ici entorse à ma propre sensibilité, tant il est vrai qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis (argument typique des instables et des indécis, des pédérastes et des connasses). Et quoi qu'il en soit, si les idées de Kenneth Goldsmith m’intéressent, c'est aussi parce qu'en cas de manque d'inspiration, de manque de motifs évidents à peindre, en manque d'évidence tout court, il demeure qu'un besoin de s'exprimer subsiste toutefois: c'est comme avoir envie de parler sans avoir rien à dire, tu vois? Alors, comme le bavard qui cause et casse les couilles, je reproduis des images de mon dictionnaire, PAF, expressionnisme gratuit. Apprécie.